Un objet de désir, une pièce d’architecture posée sur trois pieds, taillée pour les audiophiles qui ont du goût… et un certain budget. Voilà comment on résumerait la 5e génération du Beosound signé Bang & Olufsen. Pour la marque danoise, l’enceinte connectée ne se cache pas dans un coin : elle trône au milieu du décor, comme une lampe Arco ou une chaise Eames. On l’achète autant pour ce qu’elle fait que pour ce qu’elle dégage.
Mais derrière ses airs art déco, ce monolithe scandinave déploie 7 haut-parleurs, 480 watts d’amplification en classe D et un module Mozart qui devrait le maintenir à la page pendant au moins dix ans. Design, puissance, durabilité logicielle, calibration automatique… Tout y est. Du moins, sur le papier.
Sommaire
Bang & Olufsen Beosound A9 : une soucoupe sonore à 3 000 €
B&O fait partie de ces marques qui divisent : on ADORE ou on déteste… avec passion. Depuis presque un siècle, les Danois inventent des appareils audio qui ressemblent davantage à des pièces de mobilier un peu art déco qu’à des enceintes. Des produits chers, très chers même, mais qui durent, qui régalent et qui ne passent jamais inaperçus.
Le Beosound A9 est probablement le modèle le plus reconnaissable de la marque. Ce disque géant sur pieds, qu’on accroche parfois au mur, en est déjà à sa cinquième génération. Un produit devenu culte qui va à contre-courant des standards actuels : pas d’assistant vocal intégré en natif, pas de batterie, pas de finition plastique… mais des merveilles sous le capot. Sous sa grille en tissu Kvadrat se cachent 7 haut-parleurs, dont un imposant woofer de 8 pouces et un système d’amplification de 480 watts. De quoi faire trembler les murs sans distorsion, même à volume élevé.
Prix : de 2 899 à 3 500 €, selon les finitions. Oui, ça pique. Mais comme toujours chez B&O, ce n’est pas (que) du son qu’on achète. Le A9 s’inscrit dans le segment ultra-premium, au même titre que la Devialet Phantom (à prix comparable) et la Naim Mu-so 2nd Generation, légèrement moins chère. Le prix s’explique aussi par les matériaux nobles (aluminium usiné, bois véritable, tissu Kvadrat), la puissance d’amplification complètement folle et la technologie embarquée (notamment l’Active Room Compensation).
Design : l’A9 garde la même silhouette mais peaufine ses finitions
Y a pas à dire, c’est un bel objet. Vraiment. Posée à même le sol ou accrochée au mur, l’enceinte attire le regard. On est en plein dans l’enceinte statement. On l’achète quand on est du genre à faire visiter le salon à ses potes, à faire du storytelling sur ses bibelots, à palabrer sur l’architecte qui a dessiné le luminaire du coin, à prononcer « vitra » avec l’accent… vous voyez l’idée.
Difficile de parler du Beosound A9 sans évoquer son gabarit : 70 cm de diamètre, presque autant en profondeur avec les pieds, et un poids de 14,7 kg. C’est un meuble à part entière.
Le Beosound A9, c’est donc un disque imposant, légèrement incliné vers l’arrière, monté sur trois pieds fuselés en bois massif (amovibles). Pas de câbles apparents, car l’alimentation file derrière l’un des pieds, pas de logo tapageur, pas d’angles. Juste un cercle léché, avec un tissu tendu à la main qui épouse toute la surface. Le niveau de finition est irréprochable.
La grille frontale est signée Kvadrat, le fabricant danois spécialiste du textile acoustique haut de gamme. C’est lui qu’on retrouve dans la plupart des installations de musées scandinaves ou dans les panneaux muraux de cabines d’écoute haut de gamme. Le tissu est acoustiquement transparent, anti-poussière, résistant à la lumière, et proposé en plusieurs teintes qui changent selon la série (Pearl, Oak, Anthracite, Gold Tone…). Le genre de critère auquel on fait attention quand on a choisi soi-même la couleur du mur, au code hexa.
Le cadre de l’enceinte est en aluminium usiné, ultra rigide, qui ne résonne pas, même quand on pousse le volume. Il fait office de support structurel, de dissipateur thermique et de cadre pour les modules embarqués. C’est ce châssis qui donne à l’enceinte son (gros) poids et sa stabilité, même quand elle n’est pas fixée.
Côté interface, Bang & Olufsen reste fidèle à son approche minimaliste. Pas d’écran, pas de boutons visibles : tout se contrôle depuis l’application ou via la surface tactile sur le dessus de l’enceinte. Il suffit de passer la main pour ajuster le volume, poser la lecture ou sauter une piste. C’est fluide, discret, silencieux, SATISFAISANT.
Enfin, il y a les pieds. Oui, les pieds. En noyer, chêne ou érable, ils servent à poser l’enceinte, mais participent aussi au rendu sonore en créant un écart précis avec le sol pour laisser respirer le woofer orienté vers l’arrière. Ils se changent, eux aussi. On peut même acheter un kit mural pour transformer le A9 en œuvre murale, façon disque vinyle géant.
🎨 Verdict design |
On est sur un totem, une pièce forte. Une masterclass du design scandinave. Rien ne dépasse, tout a un sens. On aime les matériaux nobles, les finitions haut de gamme. |
Hardware : le Beosound A9 5th Gen embarque 7 haut-parleurs pour 480 W
Sous la grille Kvadrat du Beosound A9 5e génération, Bang & Olufsen a commis une architecture acoustique multivoies à 7 haut-parleurs, alimentée par une amplification en classe D totalisant 480 watts RMS. Chaque voie est amplifiée séparément, avec un circuit indépendant pour assurer un contrôle fin de chaque registre :
- 1 x Woofer de 8 pouces (20,3 cm), orienté vers l’arrière, alimenté par un module classe D dédié de 200 W ;
- 2 x Mediums de 3 pouces (7,6 cm), alimentés en 2 x 100 W ;
- 2 x Tweeters de 1,5 pouce (3,8 cm) alimentés en 1x 50 W ;
- 2 x Full-range orientés latéralement pour élargir la scène, alimentés en 2 x 15 W.
Ce montage en amplification active garantit une séparation claire des registres et un contrôle dynamique particulièrement fin. Les transducteurs latéraux diffusent une partie du signal vers les murs pour créer une scène stéréo élargie, aérée mais cohérente, sans effet de flou ou de doublement de la scène, comme on le verra dans l’épreuve d’écoute.
Le traitement numérique embarqué (DSP) adapte le rendu en temps réel : il ajuste notamment les timbres selon le volume, le placement de l’enceinte et la nature du contenu diffusé. L’enceinte reste lisible à bas volume et évite toute saturation même en poussant franchement.
Le clou du spectacle, c’est probablement l’Active Room Compensation. Ce système d’auto-calibrage propriétaire utilise un micro interne pour analyser la pièce et corriger les effets acoustiques liés à l’environnement. Une rareté sur ce type de produit, surtout à ce niveau de puissance.
💡 Un DSP plus costaud, pour suivre la cadence |
Le A9 5e génération embarque un processeur plus puissant que les versions précédentes, ce qui lui permet d’assurer des mises à jour OTA (Over The Air), de suivre les évolutions des protocoles de streaming et de traiter plus finement les égalisations personnalisées via l’app Bang & Olufsen. |
Titre H2
On a installé le Beosound A9 dans un salon de 30 m², sol carrelé, deux murs traités avec des rideaux épais, l’autre côté ouvert sur une cuisine. Placement libre, à 40 cm du mur arrière, pieds chêne d’origine, mode d’égalisation « standard » activé dans l’application.
Côté signal, pas question de se contenter d’un Spotify compressé pour un monstre à ce prix. On a donc joué avec différentes sources : Tidal en qualité Master (24 bits/96 kHz), quelques fichiers FLAC locaux (via AirPlay 2) et même une platine vinyle branchée sur un préampli externe relié à l’entrée ligne. Le tout pour explorer toute la palette sonore de cette enceinte singulière.
La première étape a consisté à lancer la calibration automatique via l’appli Bang & Olufsen. L’enceinte émet alors une série de balayages fréquentiels, analyse l’acoustique de la pièce puis ajuste ses paramètres en conséquence. Cinq minutes de traitement. Let’s go !
Jazz et acoustique : test de la fidélité des timbres et de la séparation instrumentale
Premier test avec « My Funny Valentine » dans la version légendaire de Chet Baker. Dès les premiers accords de piano, l’A9 déploie une scène sonore étonnamment large pour une enceinte monobloc. La trompette de Baker émerge bien au centre avec une belle présence, chaque respiration et variation de souffle est clairement audible. La contrebasse reste bien ancrée à gauche, le piano à droite, sans jamais se mélanger.
Les médiums, registre critique pour ce type d’enregistrement, conservent une texture naturelle sans la coloration artificielle qu’on peut trouver sur certaines enceintes premium (notamment sur le B&W Zeppelin et la Devialet Phantom). Les micro-détails, comme le frottement des doigts sur les cordes de la contrebasse, ressortent avec une netteté remarquable, sans pour autant être artificiellement mis en avant.
Pour approfondir l’analyse, on passe à « Waltz for Debby » de Bill Evans. Le piano est rendu avec justesse. On perçoit clairement la frappe des marteaux, la résonance des cordes, le jeu subtil des pédales. L’image stéréo reste stable même en augmentant le volume, un exploit pour un système tout-en-un. Le trio piano – contrebasse – batterie occupe l’espace avec une cohérence que peu d’enceintes monobloc parviennent à reproduire.
Le seul bémol concerne les attaques percussives légères, comme les balais sur la cymbale ride : à fort volume, on note un léger adoucissement, comme si le DSP limitait les transitoires les plus rapides pour protéger les haut-parleurs. Un compromis imperceptible pour la plupart des auditeurs, mais que les audiophiles pointilleux pourront remarquer.
Rock et électro-pop : test des médiums chargés et de la gestion des distorsions
Changeons de registre avec « Seven Nation Army » des White Stripes, un classique pour les testeurs du fait du mix un peu chaotique. La célèbre ligne de basse est reproduite avec une attaque franche et une définition surprenante, sans bavure ni débordement. La batterie de Meg White, essentielle au son garage du groupe, garde bien son caractère brut. La guitare de Jack White conserve sa mordante saturation et sa présence, tout en restant parfaitement intelligible.
Ce qui impressionne, c’est le placement précis des sources sonores. Malgré la densité de la distorsion, l’A9 maintient une séparation claire entre chaque instrument. Les voix restent au centre, détachées du mur sonore, sans jamais être noyées même dans les passages les plus intenses. Du haut niveau.
Sur « Nightcall » de Kavinsky, l’A9 démontre sa capacité à gérer les contrastes dynamiques. La basse synthétique profonde est restituée avec impact et précision, sans empiéter sur la clarté des voix. La signature électronique caractéristique du morceau, avec ses couches de synthés et ses effets stéréo, est parfaitement rendue.
💡 Les graves sur la retenue |
Comme sur la majorité des enceintes en matériaux nobles, l’extrême grave est légèrement retenu. L’A9 privilégie la définition et le contrôle à l’impact physique que pourrait délivrer un caisson dédié. Un choix délibéré qui favorise la musicalité mais qui pourra laisser sur leur faim les amateurs de sensations plus viscérales. |
Orchestral et electronica puissante : le test ultime de la dynamique et du grave
Place au défi ultime : « Así Fue » de La Sonora Santanera, avec ses cuivres explosifs, ses percussions latines et ses nombreux instruments qui jouent en simultané. À volume élevé, l’A9 maintient une cohérence impressionnante. Les cuivres gardent leur tranchant sans jamais devenir agressifs, les congas et timbales conservent leur impact physique. Un vrai régal.
Le véritable test de puissance arrive avec « Royals (Remix) » de Lorde, dans la version bass-heavy de Rick Ross. Les sub-bass à 40 Hz sont rendus avec autorité, sans distorsion même à 80 % du volume maximum. La voix de Lorde reste parfaitement détachée de la masse sonore, et les kicks électroniques frappent avec précision.
On a deux réserves : sous 35 Hz, le woofer commence logiquement à s’essouffler. Ensuite, à pleine puissance, la dynamique est perceptiblement réduite pour protéger les haut-parleurs. Probablement une action de l’Active Room Compensation.
Connectivité : le Mozart, l’atout charme du Beosound A9 5e génération
Le Beosound A9 mise sur un écosystème sans fil aligné sur les standards du marché, avec Wi-Fi double bande, Bluetooth aptX, AirPlay 2, Chromecast intégré, Spotify Connect et Tidal Connect. Mais la véritable révolution est ailleurs : la plateforme Mozart.
Ce module électronique remplaçable (tout est là) est le cœur de cette cinquième génération. Bang & Olufsen promet qu’il est « si puissant qu’il peut recevoir des mises à jour logicielles et de nouvelles fonctionnalités pendant de nombreuses années ». Quand les protocoles de streaming actuels deviendront obsolètes (et on sait que ça arrivera), il suffira de remplacer ce module plutôt que de changer d’enceinte. Une approche anti-obsolescence bienvenue au vu du prix de la bête.
À l’usage, on constate que l’application Bang & Olufsen ne sert finalement que pour la configuration de départ, le calibrage acoustique et quelques réglages. Pour le streaming quotidien, nous sommes rapidement passés directement par Tidal ou les autres services natifs. L’appli B&O n’est pas parfaite. Son interface change parfois soudainement et certains agencements manquent de logique. Mais elle reste bien plus stable que ce que propose actuellement Sonos.
Côté appairage, la création de paires stéréo nécessite d’utiliser deux modèles identiques. La génération précédente de l’A9 n’est pas compatible, ce qui est vraiment dommage. On a en revanche apprécié la fonction de minuterie et d’alarme, vraiment très bien pensée. Vous allez pouvoir réveiller toute la maison au son de votre playlist préférée, ou d’éteindre automatiquement l’ensemble du système multiroom d’un seul geste.
⚠️ La connectique se contente du minimum syndical |
Pas d’entrée optique, pas de RCA, pas de HDMI ARC. Juste un port USB-C compatible audio analogique via adaptateur mini-jack. Clairement, ce n’est pas une enceinte pensée pour les audiophiles câblés à l’ancienne. Tout passe par le sans-fil. Il faut dire que B&O mise beaucoup sur le design. La marque est du genre à cacher les câbles. |
Verdict : qui doit vraiment claquer 3 000 € dans cette soucoupe sonore ?
Si vous avez un salon de plus de 25 m² avec un placement central possible (et pas collé au mur), l’A9 va vous régaler avec une scène sonore vraiment bluffante. Sa capacité à gérer les voix et instruments acoustiques avec une séparation des registres impeccable en fait un choix judicieux pour les amateurs de jazz, de classique et de folk.
Les 490 watts bien distribués permettent de pousser le volume sans distorsion jusqu’à des niveaux confortables, mais pas de quoi faire vibrer les fenêtres.
L’A9 va probablement faire du bien aux anciens propriétaires de systèmes hi-fi séparés qui ont dû simplifier leur installation mais qui gardent l’oreille exigeante. Le module Mozart remplaçable ajoute une composante « investissement » qui peut aussi justifier l’achat.
En revanche, oubliez si vous cherchez des basses qui secouent les tripes. Sous 35 Hz, le woofer commence à s’essouffler, et le DSP bride clairement la dynamique pour protéger les haut-parleurs. Même chose si vous avez besoin de brancher plusieurs sources filaires (console, platine sans préampli, TV). L’unique entrée ligne vous laissera sur votre faim. L’A9, c’est le sans-fil ou (presque) rien.
Pour 3 000 €, on peut évidemment monter un système stéréo traditionnel techniquement supérieur. Un bon ampli à 1 000 € couplé à une paire d’enceintes bibliothèques à 1 500 €, et vous avez davantage d’impact et, parfois, de finesse. Mais vous perdrez l’intégration sans fil, le calibrage automatique et cette satanée classe scandinave qui dope la déco du salon.
👍 On aime | 👎 On aime moins |
La scène sonore large, précise, cohérente, même dans une pièce à l’architecture complexe | Pas d’entrée optique ni HDMI ARC |
L’excellente restitution des timbres acoustiques : voix, piano et cuivres | Pas de compatibilité stéréo avec les anciennes versions du A9 |
Le woofer de 8’’ qui tient le grave jusqu’à 40 Hz sans distorsion | Le grave sous 35 Hz s’essouffle, même avec calibration |
La calibration automatique efficace dans les pièces non traitées | Le DSP bride la dynamique à très fort volume |
Le design vraiment soigné : grille Kvadrat, pieds en bois, châssis alu sans vis | Une seule entrée filaire via adaptateur USB-C / mini-jack |
Le module Mozart remplaçable pour éviter l’obsolescence | |
Compatibilité AirPlay 2, Chromecast, Spotify Connect, Tidal | |
Bluetooth aptX pour du sans-fil de bonne qualité |