Pas facile de se faire une place entre Sonos, Bose, Bowers & Wilkins, KEF et Devialet… sauf quand on s’appelle Bluesound et qu’on a du NAD dans les veines ! La marque canadienne avance discrètement : elle ne sponsorise pas de festivals, elle ne passe pas à la télé, elle ne propose pas de design tape-à-l’œil, ni d’effet waouh à la première écoute. Mais elle s’adresse, avec un certain succès, à ceux qui entendent encore la différence entre un bon fichier FLAC et une playlist Spotify en fond.
Le Pulse 2i, enceinte la plus puissante de la gamme, est venue remplacer le Pulse 2, sorti en 2015. Au menu : une connexion Wi-Fi plus stable, l’ajout AirPlay 2, un DAC plus propre et quelques raffinements pour la lecture multiroom… pour environ 700 €. Voyons si ça justifie le passage en caisse…
Sommaire
Design : une enceinte rigide, pensée pour encaisser
Avec ses 42 cm de large, 19 cm de profondeur et plus de 5 kg, le Pulse 2i occupe physiquement l’espace. On est loin des produits minimalistes qu’on planque dans un angle. L’enceinte reste bien en évidence, posée sur un meuble bas ou une étagère robuste.
Le châssis est moulé dans un polymère mat rigide, sans reflets, avec une structure interne compartimentée qui limite les vibrations parasites. À la main, la coque donne une vraie sensation d’épaisseur. Bluesound a voulu un rendu similaire à du matériel pro : rien ne sonne creux, et le bloc reste froid au toucher même après plusieurs heures d’écoute à fort volume. C’est le genre de détail qui trahit une bonne gestion thermique, sans avoir recours à une ventilation active.
La façade est recouverte d’un tissu acoustique tendu, opaque, très légèrement texturé. Il masque l’intégralité des haut-parleurs sans gêner la diffusion, mais retient assez facilement la poussière. Malheureusement, il est inamovible.
Sur le dessus, Bluesound a intégré une surface tactile capacitive (volume, lecture/pause, sauts de piste, favoris). Le retour est fluide mais purement visuel : aucun retour haptique, aucune LED active en continu. L’idée, manifestement, est de supprimer toute distraction une fois la lecture lancée.
À l’arrière, le plastique est lisse, légèrement bombé, avec des patins moulés dans la masse. La base est parfaitement stable, aucun glissement à craindre même à volume élevé. Pas de possibilité de fixation murale ici, contrairement à des modèles plus compacts de la marque. Le Pulse 2i est pensé pour le placement en champ libre, avec un peu d’air autour pour respirer. On espère simplement que cette austérité s’explique par la priorité accordée au son…
Hardware : le Bluesound Pulse 2i embarque un vrai système tri-amplifié hi-fi
Pour son Pulse 2i, Bluesound a misé sur une architecture matérielle très ambitieuse pour un modèle tout-en-un. Le cœur de la machine, un processeur ARM Cortex A9 cadencé à 1 GHz, gère les traitements DSP avancés nécessaires à la spatialisation stéréo et au décodage des flux haute résolution. On retrouve d’ailleurs une compatibilité native avec les fichiers MQA et les flux jusqu’à 24 bits / 192 kHz.
Côté amplification, Bluesound a développé un étage propriétaire qui double littéralement la capacité en basses par rapport à la première génération. L’ensemble alimente un trio de haut-parleurs avec deux woofers de 5,25″ (13,3 cm) et un tweeter central de 1″ (25 mm). Chacun est alimenté par son propre canal, sans filtrage passif, via un schéma d’amplification directe contrôlé numériquement.
Le DAC intégré, retravaillé sur cette version, offre un plancher de bruit plus bas et un rendu plus propre sur les détails fins. Le circuit reste silencieux même à volume nul, sans souffle audible ni ronflement lié au secteur.
Le Wi-Fi dual band corrige un défaut majeur du Pulse 2 : les pertes de connexion en usage prolongé. Ici, le module 802.11ac tient la ligne, même en streaming haute définition via Tidal ou Qobuz. La connectique comprend aussi une prise Ethernet, un combo mini-jack optique analogique, un port USB-A (lecture directe de fichiers) et du Bluetooth aptX HD bidirectionnel, utile pour envoyer le son vers un casque sans fil.
💡 Pulse 2i vs. Pulse 2 : une refonte plutôt qu’une mise à jour |
Ce choix de composants confirme que Bluesound n’a pas seulement peaufiné un modèle existant : le Pulse 2i est un redéploiement technique complet qui répond directement aux critiques adressées à la première version. |
À l’écoute : le Bluesound Pulse 2i préfère la précision du rendu à la fiesta
À ce niveau de prix (699 € au moment du test), la Bluesound Pulse 2i n’a pas vraiment droit à l’erreur. On sera donc forcément plus sévères qu’avec une Sonos One, une Ikea Symfonisk étagère ou une Denon Home 150.
Premier point (très) positif : le Pulse 2i ne cherche pas à en mettre plein les oreilles, il ne maquille pas pour flatter l’oreille. Il ne gonfle pas les graves, ne projette pas la scène artificiellement vers l’avant et n’adoucit pas les aigus pour flatter. Il se contente… de respecter le mix. Test réussi à 70 %, juste sur ce constat ! Mais on va jouer…
Sur « Lover, You Should’ve Come Over » de Jeff Buckley, la scène est large, mais reste centrée sur la voix qui conserve son grain sans jamais saturer ni vriller dans les aigus. La guitare est bien ancrée à gauche, les petits détails de respiration, les reverb naturelles et les effets de spatialisation passent sans forcer. On n’est pas loin d’une écoute studio. C’est propre, tendu, mais parfois un peu trop rigide si on vient d’un Sonos Five.
Même rigueur sur « Angel » de Massive Attack. La ligne de basse descend bien, sans distorsion, mais sans chercher l’effet « caisson ». Elle reste droite, tenue, sans excès. On sent que l’enceinte a du coffre (les woofers tiennent la pression) mais refuse de la transformer en bourdonnement spectaculaire. Sur un KEF LSX II, on sentirait sans doute plus de gras, un bas du spectre plus démonstratif, mais aussi un médium moins sec.
Sur « Don’t Know Why » de Norah Jones, c’est presque parfait : la voix est au centre, les balais sur la caisse claire ne débordent jamais et la contrebasse est articulée note à note. Là encore, rien ne déborde. C’est une écoute de proximité, très bien équilibrée à volume raisonnable, mais qui ne cherche jamais à « meubler » la pièce.
En soirée, avec « Technologic » de Daft Punk, le verdict est plus nuancé. L’enceinte suit la cadence, les attaques sont nettes, les claps claquent bien mais l’ensemble reste contenu. Le son ne remplit pas physiquement la pièce comme le ferait une Devialet Mania ou une Bang & Olufsen Beosound Level. Le Pulse 2i garde un côté analytique, même à fort volume : pas d’écrêtage, mais pas d’effet de masse non plus. Vous allez faire danser le peuple, mais vous n’aurez pas cette poussée physique qui fait vibrer la pièce, pour le plus grand bonheur de vos voisins.
Connectivité : complète, stable, et l’écosystème BluOS régale
Le Pulse 2i fonctionne en Wi-Fi dual band (2,4 et 5 GHz) avec prise en charge du protocole 802.11ac, bien plus robuste que celui du Pulse 2 d’origine. Au besoin, une prise Ethernet permet de sécuriser la connexion sur une installation fixe.
Bluetooth ? Oui, mais pas n’importe comment. Le Pulse 2i prend en charge le codec aptX HD en émission comme en réception. Vous pouvez envoyer de la musique depuis un téléphone Android compatible, ou à l’inverse transmettre le son de l’enceinte vers un casque Bluetooth.
AirPlay 2 est bien là pour les utilisateurs Apple, tout comme Spotify Connect, Tidal Connect et l’accès natif à Qobuz via l’application BluOS. L’enceinte accepte aussi les sources locales via son port USB-A (lecture directe de fichiers audio) et son entrée combo analogique / optique mini-jack.
⚠️ Attention : pas de HDMI ARC ni d’entrée RCA : le Pulse 2i reste ancré dans un usage musical, pas home cinéma.
Mais la vraie force du Pulse 2i reste son intégration à l’écosystème BluOS. L’application maison disponible sur Android, iOS, Windows et macOS permet de piloter jusqu’à 64 enceintes Bluesound ou appareils compatibles NAD en multiroom. Elle gère les groupes, les zones, les favoris, les mises à jour, les services de streaming et même les réglages d’EQ. L’interface n’est pas la plus moderne, mais elle est stable, réactive et ne plante quasiment jamais. Très (très) bon point.
💡 Pulse 2i : compatibilité domotique |
Bluesound reste fidèle à son ADN audiophile, mais le Pulse 2i accepte aussi les commandes Alexa, Google Assistant (via appareils externes), Siri (via AirPlay 2) et peut s’intégrer à un réseau domotique via les protocoles IFTTT, Control4 ou Crestron. |
Verdict : le Bluesound Pulse 2i
À 699 €, le Pulse 2i n’est pas là pour attirer monsieur tout le monde en grande surface. Ce n’est pas une enceinte « plug and play » qui ambiance l’apéro. Elle s’adresse à ceux qui écoutent de la musique chez eux comme on lit un bon livre : attentivement, sans interruption, avec exigence.
On a un vrai châssis à l’ancienne, dense et rigide, un système tri-amplifié digne d’un mini système hi-fi, un traitement numérique cohérent, une connectivité à 360° (sans tomber dans le gadget). L’ensemble donne un rendu sérieux, précis, rigoureux. L’enceinte diffuse en maîtrise même quand on monte le volume. Pas d’exagération, pas de maquillage. Juste un son propre, contrôlé, qui respecte la source et les choix du mix.
Mais cette rigueur peut aussi être perçue comme une froideur. Si vous aimez les basses spectaculaires, les aigus veloutés ou les ambiances qui remplissent la pièce sans effort, le Pulse 2i ne vous donnera pas ce que vous cherchez. Une Sonos Five ou une Devialet Mania, à prix proche, proposeront un rendu plus vivant, plus charnel, plus « grand public ». Ici, on a l’impression que l’ingénieur qui a fabriqué parle à l’ingé son qui écoute (on exagère à peine).
👍 On aime | 👎 On aime moins |
Le vrai système tri-amplifié sans filtrage passif | Le rendu parfois trop rigide sur les morceaux « chaleureux » |
Le design dense, rigide, pensé comme un produit pro | L’absence de fixation murale |
Le respect du mix : aucune exagération ni traitement artificiel | La scène sonore reste frontale, peu enveloppante |
Le support natif des fichiers MQA et flux jusqu’à 24 bits / 192 kHz | Pas d’entrée RCA ni de port HDMI ARC |
Le Bluetooth bidirectionnel en aptX HD | Le tissu de façade non amovible, sensible à la poussière |
L’écosystème BluOS ultra stable et complet (multiroom, EQ, MAJ, etc.) | L’appli BluOS pas très moderne visuellement |
La compatibilité domotique étendue (Alexa, Siri, IFTTT, Control4…) | Pas de touche physique ni retour haptique |