Difficile de rater le Zeppelin dans un salon. Depuis 15 ans, cette enceinte-dirigeable trône fièrement chez les audiophiles urbains. Après sa réinvention sans fil en 2021, Bowers & Wilkins revient avec une version « Pro » qui veut offrir aux mélomanes (et ex-mélomanes, on y reviendra) une scène stéréo hi-fi sans ampli, sans câbles et sans enceintes séparées.
Mais à 799 € dans un marché ultra-concurrentiel, cette grosse mise à jour a intérêt à frapper juste. On a branché, on a testé, on a disséqué. Let’s go !
Sommaire
Zeppelin Pro : Bowers & Wilkins revient aux fondamentaux hi-fi… en stéréo active
Le Zeppelin Pro, c’est la quatrième génération du Zeppelin, une enceinte sans fil iconique lancée en 2007 par Bowers & Wilkins. À l’époque pensée pour accueillir un iPod (ça ne nous rajeunit pas), elle a depuis abandonné le dock pour devenir un vrai système audio de salon dans ses versions 2011, 2015 et 2021). La version « Pro » arbore le même design en forme de dirigeable, affiche la même ambition hi-fi, mais nous balance une fiche technique revue de fond en comble.
B&W a remplacé les tweeters par des modèles à dôme carbone hérités de ses enceintes hi-fi série 700, augmenté le volume des caissons, changé le traitement numérique du signal et poussé la puissance à 240 W.
La marque britannique derrière les enceintes de l’Abbey Road Studios veut clairement sortir du segment des enceintes lifestyle pour aller titiller Devialet (Mania ou Phantom), Naim (Mu-so), KEF (LSX II) ou encore Bang & Olufsen (Level ou A9), sur un créneau autour de 800 €.
💡 Quelle cible pour le Zeppelin Pro ? |
Le Zeppelin Pro ne s’adresse pas à ceux qui veulent juste « du bon son » dans un bel objet. L’enceinte vise ceux qui veulent une vraie scène stéréo sans s’encombrer d’un ampli, d’un streamer et d’une paire d’enceintes séparées. Ceux qui écoutent Qobuz ou Tidal et qui savent pourquoi un fichier FLAC pèse 50 Mo. |
Visuellement, on reste en terrain connu : le Zeppelin Pro reprend exactement les dimensions et la forme de ses prédécesseurs : 65 cm de large, 21 cm de haut, 6,6 kg, et cette coque en ellipse légèrement penchée, posée sur son socle métallique.
Mais Bowers & Wilkins n’a pas tout copié-collé : les finitions montent d’un cran avec deux coloris inédits (Solar Gold ou Space Grey), un rendu mat sans aucune brillance et une lumière d’ambiance réglable via l’application, qui éclaire discrètement le socle en dessous.
On peut choisir parmi 15 teintes (oui, 15) ou tout éteindre. Pourquoi ? Bah pour donner l’impression que l’enceinte lévite, pardi ! À 799 €, B&W s’est dit : « on va quand même éviter à nos clients de se retrouver avec une boîte noire tristement posée sur l’étagère ».
Les contrôles physiques sont bien planqués à l’arrière : volume, lecture/pause, Bluetooth, alimentation… tout est placé en haut de la coque, côté opposé au tissu. Résultat : rien ne casse la ligne. En contrepartie, c’est un peu galère si l’enceinte est en hauteur. Clairement, B&W privilégie le contrôle via l’app.
Le choix des matériaux est à la hauteur du tarif : rien ne craque, la coque ne chauffe pas, le socle est lourd et antidérapant. Ce n’est pas une enceinte qu’on déplace tous les quatre matins. Elle impose un vrai volume, mais elle le fait avec style. Et si on aime le look Zeppelin, on sera ravi qu’il n’ait pas vraiment bougé depuis 2021… à condition d’avoir la place de l’exposer.
Hardware : Le Zeppelin Pro embarque un vrai système stéréo tri-amplifié monobloc
Le Zeppelin Pro n’est pas un caisson avec deux haut-parleurs collés à l’intérieur. C’est une vraie stéréo active, avec un schéma d’amplification séparé pour chaque voie et une scène gauche/droite bien distincte.
À l’intérieur, Bowers & Wilkins a réparti :
- Deux tweeters à dôme carbone de 25 mm (hérités de la série 700) ;
- Deux haut-parleurs médium FST de 90 mm à suspension fixe ;
- Un woofer central de 150 mm chargé de la gestion du grave.
Chaque canal est amplifié indépendamment, pour un total de 240 watts RMS répartis en 2 x 40 W pour les aigus, 2 x 40 W pour les médiums, 1 x 80 W pour les basses.
Pourquoi des tweeters à dôme carbone ? Ce matériau rigide, plus léger que l’aluminium mais plus stable que le titane, permet de monter haut en fréquence sans distorsion, ni agressivité. On retrouve ce type de tweeter dans les biblios hi-fi de la marque, notamment la 706 S3. Même logique pour les médiums FST (Fixed Suspension Transducer), qui suppriment la suspension périphérique classique pour une membrane mieux contrôlée, avec moins de coloration.
Le woofer central est logé dans une chambre agrandie par rapport au Zeppelin 2021. Cette évolution vise clairement à augmenter l’impact dans le bas du spectre sans gonfler artificiellement les basses. B&W promet une extension plus propre et plus tendue, sans effet « boomy » à volume élevé. On verra si la promesse a été tenue dans le test audio (partie suivante).
Le tout est piloté par un DSP maison de dernière génération, chargé du traitement numérique du signal, de la gestion du crossover actif (aucun filtre passif ici) et de la protection dynamique. C’est lui qui fait le lien entre la source et les amplis en adaptant en temps réel la restitution selon le volume, les fréquences sollicitées et la plage dynamique du morceau lu.
Pas de DAC externe ici : tout est intégré, mais avec un vrai soin sur l’alimentation et la conversion. Le Zeppelin Pro accepte des flux jusqu’en 24 bits / 192 kHz, même si les plateformes comme Qobuz ou Tidal plafonneront en pratique à 96 kHz selon le format.
💡 À savoir |
Le Zeppelin Pro peut aussi être appairé en duo avec un second Zeppelin Pro pour créer une vraie scène stéréo étendue. Chaque enceinte garde son système d’amplification dédié et le duo est géré depuis l’appli Bowers & Wilkins Music. |
À l’écoute : Bowers & Wilkins maîtrise le détail, mais reste (un peu trop) sage
Ce serait presque un crime de ne pas profiter du Zeppelin Pro pour écouter du Led Zeppelin. Et comme on est fans dans l’équipe, on n’allait pas faire un top 5 Spotify… Donc pas de Whole Lotta Love, pas de Stairway to Heaven, pas de Black Dog, et encore moins de Kashmir.
On est allés chercher plus loin : Ten Years Gone, un B-side tiré de Physical Graffiti, avec ses arrangements superposés et ses effets panoramiques subtils. Parfait pour juger la scène stéréo et le comportement des médiums.
Verdict : on s’est fait plaisir, déjà. Le Zeppelin Pro déploie une vraie image gauche/droite. Pas un élargissement artificiel comme chez Sonos ou B&O. Une scène stable, précise, sans débordement. La guitare reste calée à droite, les overdubs de Plant flottent au centre, les harmoniques restent en place même à fort volume. Pas d’effet boomy, pas de gonflage des graves. Le woofer reste bien tenu. On sent clairement que le DSP a été réglé avec soin.
Sur Pyramid Song de Radiohead, le placement des percussions et la gestion du silence sont irréprochables. Alors oui, l’enceinte ne remplit pas la pièce comme une LSX II ou une Devialet Phantom, mais elle garde une tension constante. Tout reste lisible, même quand les nappes montent et que le piano sature doucement. En revanche, à bas volume, on perd un peu en texture dans les basses : l’enceinte reste trop sage. Pas endormie, mais plus cérébrale que charnelle !
On passe à Limit to Your Love de James Blake. Le grave est propre, tendu, il descend bien, mais il n’a pas cette poussée physique qu’on retrouve chez Devialet. Le Zeppelin Pro contrôle tout, peut-être trop. On n’a pas eu ce grave qui vibre dans la poitrine. Mais si vous cherchez un grave qui ne déborde jamais et qui ne bave pas sur les médiums, c’est pile dans le mille.
Sur Les eaux de Mars version Stacey Kent, la voix est placée au centre comme sur des monitors, aucun souffle, aucun voile, le brushing reste soyeux, les sifflantes ne partent jamais en vrille. Le tweeter à dôme carbone tient bien son rang. Mais les amateurs de chaleur organique ou de matière épaisse dans le médium (façon enceintes biblios en bois) resteront, là encore, sur leur faim.
💡 Comme un premier de la classe… |
Le Zeppelin Pro tient son rang sur tous les fondamentaux hi-fi : scène stéréo stable, absence de distorsion, lisibilité parfaite à fort volume…. mais il garde une retenue typiquement Bowers & Wilkins : élégant, droit, presque trop sage par moments. |
La connectivité du Zeppelin Pro : du tout sans fil, mais avec pas mal d’oublis
Pas de HDMI, pas de port optique, pas de RCA, pas même une prise jack planquée au dos. Le Zeppelin Pro fait l’impasse sur toutes les entrées physiques. Le seul port visible, un USB-C, ne sert qu’aux mises à jour logicielles. À 800 €, certains diront que c’est un peu raide. D’autres répondront que cette enceinte n’a jamais promis autre chose que du streaming sans friction.
Et de ce côté-là, rien à redire : le Zeppelin Pro prend en charge Spotify Connect, AirPlay 2, Qobuz, Tidal, Deezer, Amazon Music, SoundCloud, TuneIn, Last.fm… Tout passe par l’appli Bowers & Wilkins Music, qui centralise les comptes et propose une interface bien plus stable et réactive qu’en 2021. On peut appairer deux Zeppelin Pro pour une stéréo élargie ou les intégrer dans un setup multiroom avec la gamme Formation. Par contre, pas de Chromecast, ni de DLNA ou de lecture réseau locale. Ici, on streame ou rien.
Le Bluetooth 5.0 est de la partie, avec support de l’aptX Adaptive pour les appareils compatibles, en plus des classiques AAC et SBC. La qualité reste bonne, mais on sent vite que ce n’est pas le mode d’écoute prioritaire. À noter aussi : pas de Tidal Connect, ni de Roon, et l’égaliseur se limite à deux sliders (grave / aigu). Minimaliste. Trop minimaliste pour nous.
Dernier détail qui pourra faire tiquer : Bowers & Wilkins a supprimé Alexa, présente sur le modèle 2021. Motif ? Trop peu d’utilisateurs s’en servaient. Mouais.
Verdict : le Zeppelin Pro, pour qui, et pour écouter quoi ?
B&W a inventé une nouvelle catégorie de clients (ou de profil de client idéal, comme disent les marketeux) : l’audiophile allégé.
On parle de ces mélomanes urbains contraints par l’espace, qui ont abandonné les vinyles et les CD pour Qobuz ou Tidal, mais qui n’acceptent pas les compromis sonores du mp3. Ceux qui veulent une vraie expérience stéréo sans ampli, DAC et enceintes dans leur petit salon. Ils y trouveront une restitution précise, mature et une scène sonore stable, sans artifices ni effets psychoacoustiques douteux.
C’est aussi, paradoxalement, un produit pour les ex-audiophiles. Ceux qui ont connu les amplis à tubes et les enceintes colonnes, mais qui n’ont plus l’espace, le temps ou la patience pour ce type d’installation. Le Zeppelin Pro leur offre une porte d’entrée vers une écoute de qualité sans les contraintes d’antan.
Ce n’est certainement pas un produit pour ceux qui cherchent une simple enceinte connectée pour balancer des playlists en fond. La Sonos Era 300 ou la Denon Home 350 feront aussi bien, pour moins cher. Ce n’est pas non plus le choix idéal si vous voulez une enceinte TV ou multimédia, l’absence d’entrées physiques étant rédhibitoire pour cet usage.
👍 On aime | 👎 On aime moins |
Qualité sonore de haut vol avec une vraie scène stéréo | Aucune connectique physique, même pas un mini-jack |
Finitions impeccables et design iconique | Un grave un peu trop sage, qui manque de « punch » physique (ou charnel) |
Pas de chauffe ni de distorsion, même à fort volume | Alexa supprimé par rapport au modèle 2021 |
Compatibilité avec tous les services de streaming majeurs | Pas de Chromecast, ni de DLNA |
Lumière d’ambiance RGB personnalisable (15 couleurs) | Égaliseur limité à deux bandes (graves/aigus) |
Appli B&W Music stable et réactive | |
Possibilité d’appairer deux Zeppelin Pro en stéréo |