[Test] Sonus Faber Omnia, le luxe hi-fi pour ceux qui n’ont plus la place de jouer les puristes

enceinte wifi

L’Omnia, c’est un peu la Datejust de Rolex, la Speedtail miniature de McLaren ou le sac Triomphe de chez Celine : une version d’entrée de gamme à peu près « accessible », mais toujours pensée pour ceux qui savent où ils mettent les pieds (et le portefeuille).

Sonus Faber, c’est une maison italienne qui fabrique à la main des enceintes passives en bois, à 5 000, 10 000 ou 25 000 € la paire. Des objets d’art acoustique qui durent 30 ans. Alors quand le constructeur glisse une enceinte tout-en-un à 1 600 € dans son catalogue, difficile de ne pas tendre l’oreille.

Mais est-ce qu’un produit grand public peut vraiment porter l’ADN Sonus Faber ? C’est ce qu’on va voir dans ce test XXL !

Sommaire

Sonus Faber Omnia : quand un fabricant d’enceintes colonnes à 15 000 € s’intéresse enfin au commun des mortels

Sonus Faber n’a jamais vraiment couru après le grand public. La marque italienne fabrique des enceintes hi-fi sculptées à la main, avec des flancs en bois massif, des coffrages courbes et des tweeters montés comme des instruments de lutherie. Le genre d’objets qui s’écoutent en silence et qui coûtent souvent plus cher qu’une (petite) voiture. Si l’audio haut de gamme était un défilé de mode, Sonus Faber serait sans doute son Armani !

Depuis 1983, cette maison vicentine cartonne dans le petit monde feutré de la hi-fi de prestige. Ses bibliothèques Minima Amator II s’écoulent à 4 000 €… alors que ses colonnes Amati Tradition se facturent à 25 000 €. Alors quand le constructeur débarque avec une enceinte tout-en-un à poser sur un buffet à 1 600 €, forcément, ça intrigue. L’Omnia se positionne directement face au Naim Mu-so 2 (1 499 €) et au JBL L75MS (1 500 €).

Même si c’est du low cost dans les standards de Sonus Faber, l’Omnia ne vise évidemment pas les curieux. Elle s’adresse aux mélomanes urbains, ceux qui ont abandonné ou renoncé aux grosses installations hi-fi par manque d’espace mais qui refusent de sacrifier la qualité sonore sur l’autel de la praticité.

C’est un pari audacieux pour une marque qui a construit son identité sur des enceintes passives, qui exigent des amplis séparés et des câbles épais comme le poignet d’un bûcheron canadien.

Design : une console basse, tactile et sculptée comme une pièce de mobilier

Sonus Faber ne s’est pas aligné sur les codes de l’électronique grand public. L’enceinte adopte une silhouette en forme de demi-lune allongée (65 cm de large, 28 cm de profondeur et 13 cm de hauteur), posée sur un socle métallique discret qui semble la faire flotter légèrement au-dessus du meuble.

Disponible en walnut (noyer) ou graphite (noir), l’Omnia arbore fièrement sa partie supérieure en bois véritable, laqué à la main selon les traditions artisanales de la marque.

Cette partie supérieure est d’ailleurs le point focal du design. Elle accueille un système d’éclairage composé de trois bandes LED : une petite bande frontale qui change de couleur selon l’entrée sélectionnée (blanc pour AirPlay 2, orange pour HDMI, vert pour Spotify Connect…), et deux bandes plus longues qui s’illuminent lors de l’ajustement du volume. Deux points tactiles de part et d’autre permettent d’ailleurs de contrôler ce dernier sans télécommande.

Le tissu acoustique qui recouvre la façade et les côtés est tendu avec une précision chirurgicale, sans pli ni irrégularité. À l’arrière, un design plus fonctionnel laisse apparaître les connexions, soigneusement regroupées dans la base de l’appareil. Le socle métallique intègre astucieusement une partie de la chambre de résonance pour le woofer qui, particularité de l’Omnia, est orienté vers le bas.

En main, l’Omnia (qui pèse tout de même 7,5 kg) donne une impression de densité et de solidité. Aucune vibration parasite n’est perceptible, même à fort volume (on y reviendra). La structure interne composée d’un mélange de MDF haute densité et de polymères amortissants explique cette rigidité.

La télécommande fournie est plus décevante : un modèle plat et léger avec des touches caoutchouteuses qui manquent de retour tactile. On sent que Sonus Faber suppose que la majorité des utilisateurs privilégieront le contrôle via smartphone, mais à ce tarif, on aurait apprécié une télécommande « design », ne serait-ce que pour la poser durablement à côté de l’enceinte. Un détail qui fait tache dans un ensemble par ailleurs impeccable.

🎨 Notre verdict sur le design
Chaque détail trahit le pedigree artisanal de la marque : aucun joint visible, aucune vis apparente, aucun plastique brillant. L’Omnia se regarde autant qu’elle s’écoute. Sonus Faber reste fidèle à son identité d’artisan acoustique, même sur un produit connecté d’entrée de gamme (pour ses standards).

Hardware : une architecture 4 voies, calibrée pour l’écoute en champ proche

L’Omnia embarque six haut-parleurs répartis sur quatre voies :

  • 2 x Tweeters à dôme en soie de 19 mm pour les aigus ;
  • 2 x Médiums elliptiques de 75 x 100 mm à membrane en pulpe de cellulose pour les voix et instruments ;
  • 1 x Woofer de 165 mm orienté vers le bas pour les basses fréquences ;
  • 2 x Haut-parleurs latéraux « full-range » pour la spatialisation.

Chaque voie est amplifiée indépendamment par un module classe D, pour un total de 490 watts RMS.

La structure du châssis repose sur deux volumes séparés : une chambre fermée pour le woofer, et un volume accordé pour les médiums et les tweeters. Le woofer tire parti d’un évent Bass Reflex dissimulé dans le socle, avec une sortie arrière basse pression, qui limite les turbulences même à fort volume. Comme on le verra dans le test (partie suivante), le grave reste propre sans saturation, à condition de ne pas coincer l’enceinte dans une niche.

Les tweeters bénéficient d’un montage légèrement incliné, dirigé vers les oreilles dans un scénario d’écoute typique (assise en face, à 2 ou 3 mètres). Le résultat est plus direct, plus net, sans dispersion excessive ni creux dans la zone critique des voix.

La présence des deux haut-parleurs latéraux mérite un mot à part : c’est cette partie du hardware qui pilote le système « Crescendo », l’algorithme propriétaire qui étend la scène sonore latéralement en jouant sur les réflexions murales. Contrairement aux effets « Wide » ou « 3D » habituels, souvent trop artificiels, le traitement reste ici mesuré. L’enceinte simule une stéréo large sans brouiller les repères du mix.

À l’usage, l’ensemble sonne comme un système hi-fi compact plutôt bien réglé. Vous n’aurez pas cette impression désagréable d’écouter du son sur une enceinte portable boostée au-delà de ses capacités. On est clairement au-dessus d’une Mu-so 2 sur la gestion de la séparation des registres, même si la JBL L75MS conserve un avantage dans l’impact du grave pur.

💡 Pour les puristes…
Pour les puristes, l’enceinte accepte les flux numériques jusqu’en 24 bits/192 kHz, même si les limitations des plateformes de streaming les plafonnent généralement à 96 kHz. Le DAC intégré donne une belle dynamique et un plancher de bruit particulièrement bas : aucun problème sur la restitution des pianissimos, des silences entre les notes et des harmoniques subtiles qui font toute la richesse d’un enregistrement de qualité.

À l’écoute : l’Omnia propose une scène large, des registres bien séparés… mais reste timide sur les graves

Pour tester une enceinte à 1 600 €, pas question de lancer un MP3 sorti d’une car playlist. On a mis les petits plats dans les grands : ambiance feutrée, calibration acoustique et playlist aux petits oignons.

L’enceinte a été placée sur un piétement massif en granit de 35 kg (nos lombaires s’en souviennent encore), à 50 cm du mur arrière, dans une salle partiellement traitée avec des panneaux absorbants Vicoustic. Le streaming a été assuré via une liaison Roon + Qobuz en 24 bits / 96 kHz. Crescendo activé, of course. Verres posés, téléphone en mode avion.

💡 Avant de commencer…
L’Omnia est extrêmement sensible à son placement. Trop près du mur arrière, et le grave devient envahissant, jusqu’à masquer des médiums pourtant remarquables. Heureusement, l’interface web de configuration propose un mode « Near the wall » qui rééquilibre la balance tonale. Après plusieurs essais, nous avons trouvé le sweet spot à environ 45 cm du mur, légèrement décentré dans la pièce pour limiter les modes stationnaires.

Un orchestre grandeur nature : le test de Moussorgski/Ravel

Commençons par le plus challengeant pour l’enceinte : les « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski dans l’orchestration de Ravel (interprétation de l’Orchestre du Concertgebouw sous Mariss Jansons)… un test impitoyable pour évaluer la capacité de l’Omnia à gérer les dynamiques complexes.

Dès « Promenade », le thème de cuivres s’impose avec une autorité étonnante pour une enceinte de cette taille. Les différents pupitres sont parfaitement localisables dans l’espace grâce au système Crescendo qui étend la scène sonore bien au-delà des limites physiques de l’appareil.

Arrivés à « Bydlo », le crescendo orchestral révèle cependant une première limite : l’Omnia compresse subtilement la dynamique à fort volume, probablement pour protéger ses haut-parleurs. Rien de bien dramatique, mais les audiophiles habitués aux systèmes hi-fi séparés le remarqueront, sans aucun doute. La plage dynamique reste néanmoins supérieure à celle d’un Naim Mu-so 2, qui intervient de manière plus précoce dans la compression.

Billie Jean : la basse qui fait trembler (ou pas)

Changeons radicalement de registre avec « Billie Jean » de Michael Jackson, version remasterisée 2017 (MQA via Tidal). La ligne de basse iconique se matérialise avec une articulation remarquable, chaque note étant parfaitement définie sans traînage.

Les claquements de mains occupent précisément leur place dans l’espace stéréophonique. La voix de MJ émerge avec une précision chirurgicale au centre, entourée d’une légère réverbération qui respire naturellement. En revanche, à l’écoute attentive, on note que l’extrême grave manque un peu d’extension sous 40 Hz. La physique a ses limites, même à 1 600 € !

Pour tester la résolution de l’Omnia…

On a lancé « Take Five » de Dave Brubeck, une référence. Le fameux passage de batterie de Joe Morello est reproduit avec une précision remarquable. Les balais sur la caisse claire conservent leur texture soyeuse, le timbre du saxophone alto de Paul Desmond est restitué avec sa chaleur caractéristique.

La contrebasse d’Eugene Wright, souvent malmenée sur les systèmes moyens, conserve ici toute sa rondeur sans devenir bourdonnante. Mais attention : à très fort volume (nous parlons ici de plus de 90 dB), l’Omnia commence à comprimer les transitoires les plus rapides et à sacrifier un peu de naturel.

Sur « Paranoid Android » de Radiohead, morceau redoutable pour les enceintes à cause de ses nombreuses couches sonores et ses variations dynamiques extrêmes, l’Omnia s’en sort avec les honneurs.

On garde la lisibilité des différentes pistes même dans les passages les plus denses. La section rythmique reste ancrée, les guitares saturées ne deviennent jamais stridentes. Le passage final, avec les instruments superposés, met toutefois en évidence une légère congestion dans le médium-haut. Rien de rédhibitoire, mais on sent que l’enceinte travaille dur pour maintenir la cohérence.

Pour les 1 600 € demandés, l’Omnia est une alternative crédible à un système composé d’un ampli intégré à 800 € et d’une paire d’enceintes bibliothèques à 800 €.

💡 Notre verdict sur la qualité sonore
On a trois gros points majeurs : une image stéréo remarquablement large grâce au système Crescendo, une cohérence exceptionnelle entre les différentes voies, puis l’absence totale de coloration artificielle dans le médium (là où beaucoup d’enceintes connectées forcent le trait).   Ses limites ? Une compression dynamique qui s’enclenche un peu trop tôt sur les passages complexes, et un DSP qui privilégie parfois la musicalité au détriment de la résolution absolue. Ce ne sont pas forcément des défauts. Plutôt des compromis assumés qui définissent le caractère de l’Omnia.

Connectivité : L’Omnia est tournée vers le streaming, mais elle n’oublie pas le vinyle

À l’heure où même les grille-pains demandent une connexion Wi-Fi, une enceinte haut de gamme se doit d’offrir des options de connectivité au niveau. L’Omnia fait-elle honneur à son nom, qui veut dire « préparée à tout », en latin ?

Le réseau reste la colonne vertébrale de l’appareil. L’Omnia intègre un module Wi-Fi dual-band (2,4 et 5 GHz) compatible avec la norme 802.11ac. Pour ceux qui préfèrent la stabilité absolue, une prise Ethernet est disponible à l’arrière. Dans nos tests, la connexion sans fil s’est montrée particulièrement robuste, même lors de la lecture de fichiers en 24 bits/96 kHz, sans aucune interruption constatée sur plusieurs heures d’écoute.

Côté protocoles, Sonus Faber a fait les choses correctement. L’Omnia supporte :

  • AirPlay 2 pour l’écosystème Apple, mais l’Omnia ne s’intègre pas à un vrai système multiroom maison (Sonus Faber n’en propose pas) ;
  • Google Chromecast intégré, qui permet une diffusion native depuis de nombreuses applications (YouTube Music, Deezer, Qobuz, SoundCloud, Plex…) ;
  • Spotify Connect pour un contrôle direct depuis l’application Spotify ;
  • Tidal Connect pour les abonnés à ce service ;
  • La certification Roon Ready pour les audiophiles utilisant cette plateforme

On note en revanche l’absence de support natif pour Amazon Music HD et Qobuz Connect, ce qui oblige à passer par Chromecast ou AirPlay pour ces services… avec les limitations de qualité que ça implique parfois.

Le Bluetooth n’a pas été négligé, avec la prise en charge de l’aptX HD qui assure une transmission proche de la qualité CD avec les appareils compatibles. La connexion est rapide et la portée excellente (environ 12 mètres en champ libre dans nos tests).

Mais ce qui distingue vraiment l’Omnia de la concurrence, c’est son entrée analogique polyvalente. Via un adaptateur Mini-DIN fourni, vous pouvez connecter une platine vinyle équipée d’une cellule MM (Moving Magnet) grâce au préampli phono intégré ou toute autre source analogique via une entrée ligne standard. Un sélecteur sur l’adaptateur permet de basculer entre ces deux modes. Le préampli phono propose des caractéristiques techniques intéressantes :

  • Impédance d’entrée de 47 kΩ ;
  • Gain de 40 dB ;
  • Courbe RIAA avec une précision de ±0,3 dB entre 20 Hz et 20 kHz.

Pour l’intégration avec un téléviseur, l’Omnia dispose d’une entrée HDMI ARC, qui récupère le son de la TV tout en permettant de contrôler le volume via la télécommande du téléviseur. C’est pratique, mais notez l’absence de support pour l’eARC et les formats surround comme le Dolby Digital ou le DTS, ce qui limite l’Omnia à la stéréo pour les contenus vidéo.

On regrettera toutefois l’absence d’une entrée optique dédiée, qui aurait été bienvenue pour connecter d’autres sources numériques comme une console de jeu ou un lecteur Blu-ray sans passer par le téléviseur. De même, une sortie pour caisson de basses aurait pu séduire ceux qui souhaitent renforcer les graves.

⚠️ Pas d’appli Sonus Faber !
Curieusement, il n’y a pas d’appli Sonus Faber à installer. La configuration se fait via une interface web minimaliste accessible depuis n’importe quel navigateur. Pour le reste, les applications natives des services de streaming prennent le relais. Un choix risqué : certains apprécieront l’absence d’une couche logicielle supplémentaire, d’autres regretteront le manque d’interface unifiée à la Sonos ou Naim.

Verdict : pour les audiophiles repentis qui ne veulent plus d’un salon encombré

L’Omnia ne cherche pas à séduire ceux qui possèdent déjà un système hi-fi séparé de qualité. Ces derniers y verraient forcément un trop gros compromis. Elle n’est pas non plus destinée aux amateurs de home-cinéma qui privilégient l’immersion multicanal à la qualité musicale pure.

L’Omnia, c’est plutôt l’enceinte ultime pour les audiophiles « en convalescence », ces mélomanes qui ont abandonné colonnes et amplis par contrainte d’espace ou de cohabitation, mais refusent de capituler face à la médiocrité sonore. C’est aussi une porte d’entrée vers l’univers Sonus Faber pour ceux qui n’ont pas les moyens (ou l’envie) d’investir dans un système à 15 000 €, mais qui veulent quand même se faire plaisir et goûter à ce qui rend cette marque si spéciale.

L’entrée phono MM intégrée révèle une autre cible privilégiée : les collectionneurs de vinyles qui ne veulent plus s’encombrer d’un ampli séparé. L’Omnia leur apporte une solution élégante pour profiter de leurs disques sans multiplier les boîtiers.

Évitez cette enceinte si vous recherchez avant tout un effet « waouh » à l’écoute, avec des basses qui vibrent le plancher. Sa présentation musicale reste soignée, équilibrée, presque pudique, plus proche de la vérité que du spectaculaire. Pour le même budget, une Devialet Phantom donnera un peu plus d’impact physique dans le grave, mais au détriment d’une présentation plus naturelle du médium.

👍 On aime👎 On aime moins
La finition artisanale digne des enceintes haut de gamme Sonus FaberPas de sortie caisson ni d’entrée optique dédiée
L’incroyable système Crescendo qui étend la scène stéréo au-delà des limites physiquesCompression un peu précoce à fort volume
L’équilibre tonal sans excès ni artificesTélécommande indigne du reste
La qualité de fabrication et les matériaux nobles (bois véritable, MDF haute densité)Pas d’application Sonus Faber dédiée
Un écosystème ouvert sans format propriétaire qui évite l’obsolescenceManque d’impact dans l’extrême grave (sous 40 Hz)
Le médium naturel et jamais coloré
L’entrée phono MM avec préampli intégré
Le respect du mix même dans les passages complexes
Compatible AirPlay 2, Chromecast, Roon, Tidal Connect, aptX HD

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